La Galerie B-312 est très heureuse d’ouvrir la saison 2010-2011 avec Dans l’intervalle, une exposition d’Olivia Boudreau. Deux vidéos y seront présentées, Le Bain (2010) et Mouchoirs (2007). Olivia Boudreau se distingue pour avoir su allier les temporalités respectives de la performance et de la vidéographie, l’instant et la durée. Elle en a témoigné avec éloquence dans Salle C (2007) présentée à la Galerie Leonard & Bina Ellen. Avec Box (2009) et La Levée (2008), qui ont été montrées à la galerie Dazibao, et maintenant avec Mouchoirs et Le bain, Olivia Boudreau témoigne de sa détermination à explorer les possibilités de cette tresse du temps.—Olivia Boudreau travaille à partir du plan-séquence d’abord, de l’isochronie entre le temps filmé à la prise de vue et le temps du regard à la projection ensuite, et enfin à partir de quelques détails qui devront pointer. Ainsi, dans Le bain, un homme et une femme sont filmés alors qu’ils prennent un bain ensemble, et pourtant ils sont à des années-lumière l’un de l’autre. L’éloignement entre cet homme et cette femme se creuse au fur et à mesure que dure le film. La durée réelle du film participe ainsi à la lecture d’une distance incommensurable entre deux êtres ; une lecture qui ouvre sur toutes les fictions qui raconteraient pourquoi il est impossible pour ces deux êtres de pouvoir être un instant dans la même temporalité. Peu importe l’histoire qui peut avoir mené à une telle situation, c’est le dispositif qui compte : un bain, deux êtres dont les comportements transformeront ce lieu en un espace confiné, la durée du film pour permettre de lire la proximité tout autrement que comme une figure de l’intimité.—Mouchoirs est aussi le fait d’une transformation, celle d’une image purement formelle en une autre image purement formelle. Pendant les premières secondes, l’image est une pure forme figée. Mais la forme se met à bouger à peine, et très brièvement, une première fois, une deuxième, puis, en haut de l’écran, apparaissent un instant les doigts de quelqu’un, hors champ, qui est en train de retirer un à un des papiers-mouchoirs empilés. La forme pure était un gros plan, cadré au registre, d’une pile de ces mouchoirs posée sur une table. Le film dure jusqu’au retrait du dernier mouchoir. Le motif décoratif d’un enchevêtrement de chevrons du papier peint, qui servait de fond au tournage, était entré petit à petit dans le cadrage, de sorte que la vidéo finit sur l’image, légèrement floue, d’une autre image purement formelle.—Avec Le Bain et Mouchoirs, Olivia Boudreau ne nous donne donc pas accès au temps d’un récit ou à celui de la transformation d’une image purement formelle en une autre. Elle nous convie plutôt à faire l’expérience du temps quand il nous rend sensible au changement, à la fluctuation, au passage du même au même, à la variation, à la mobilité, au mouvement, aux états contraires quand ils coexistent. Ce temps n’est pas un temps qui raconte, mais un temps qui montre. Et Olivia Boudreau nous permet de distinguer sans équivoque ces deux formes du temps.
—Jean-Émile Verdier
Olivia Boudreau est une artiste de la vidéo. Son travail a été remarqué lors de plusieurs expositions récentes, tel qu’à Dazibao, à la Galerie Leonard & Bina Ellen, à la SBC galerie d’art contemporain, ainsi qu’à la Galerie de l’UQÀM. Cette année, en plus d’être lauréate de la résidence de recherche jeune création Montréal-Valence, elle sera de la Nuit blanche de Toronto. Titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM, elle vit et travaille à Montréal où elle est artiste-résidente à la Fonderie Darling.
La Galerie B-312 est très heureuse d’ouvrir la saison 2010-2011 avec Dans l’intervalle, une exposition d’Olivia Boudreau. Deux vidéos y seront présentées, Le Bain (2010) et Mouchoirs (2007). Olivia Boudreau se distingue pour avoir su allier les temporalités respectives de la performance et de la vidéographie, l’instant et la durée. Elle en a témoigné avec éloquence dans Salle C (2007) présentée à la Galerie Leonard & Bina Ellen. Avec Box (2009) et La Levée (2008), qui ont été montrées à la galerie Dazibao, et maintenant avec Mouchoirs et Le bain, Olivia Boudreau témoigne de sa détermination à explorer les possibilités de cette tresse du temps.—Olivia Boudreau travaille à partir du plan-séquence d’abord, de l’isochronie entre le temps filmé à la prise de vue et le temps du regard à la projection ensuite, et enfin à partir de quelques détails qui devront pointer. Ainsi, dans Le bain, un homme et une femme sont filmés alors qu’ils prennent un bain ensemble, et pourtant ils sont à des années-lumière l’un de l’autre. L’éloignement entre cet homme et cette femme se creuse au fur et à mesure que dure le film. La durée réelle du film participe ainsi à la lecture d’une distance incommensurable entre deux êtres ; une lecture qui ouvre sur toutes les fictions qui raconteraient pourquoi il est impossible pour ces deux êtres de pouvoir être un instant dans la même temporalité. Peu importe l’histoire qui peut avoir mené à une telle situation, c’est le dispositif qui compte : un bain, deux êtres dont les comportements transformeront ce lieu en un espace confiné, la durée du film pour permettre de lire la proximité tout autrement que comme une figure de l’intimité.—Mouchoirs est aussi le fait d’une transformation, celle d’une image purement formelle en une autre image purement formelle. Pendant les premières secondes, l’image est une pure forme figée. Mais la forme se met à bouger à peine, et très brièvement, une première fois, une deuxième, puis, en haut de l’écran, apparaissent un instant les doigts de quelqu’un, hors champ, qui est en train de retirer un à un des papiers-mouchoirs empilés. La forme pure était un gros plan, cadré au registre, d’une pile de ces mouchoirs posée sur une table. Le film dure jusqu’au retrait du dernier mouchoir. Le motif décoratif d’un enchevêtrement de chevrons du papier peint, qui servait de fond au tournage, était entré petit à petit dans le cadrage, de sorte que la vidéo finit sur l’image, légèrement floue, d’une autre image purement formelle.—Avec Le Bain et Mouchoirs, Olivia Boudreau ne nous donne donc pas accès au temps d’un récit ou à celui de la transformation d’une image purement formelle en une autre. Elle nous convie plutôt à faire l’expérience du temps quand il nous rend sensible au changement, à la fluctuation, au passage du même au même, à la variation, à la mobilité, au mouvement, aux états contraires quand ils coexistent. Ce temps n’est pas un temps qui raconte, mais un temps qui montre. Et Olivia Boudreau nous permet de distinguer sans équivoque ces deux formes du temps.
—Jean-Émile Verdier
Olivia Boudreau est une artiste de la vidéo. Son travail a été remarqué lors de plusieurs expositions récentes, tel qu’à Dazibao, à la Galerie Leonard & Bina Ellen, à la SBC galerie d’art contemporain, ainsi qu’à la Galerie de l’UQÀM. Cette année, en plus d’être lauréate de la résidence de recherche jeune création Montréal-Valence, elle sera de la Nuit blanche de Toronto. Titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM, elle vit et travaille à Montréal où elle est artiste-résidente à la Fonderie Darling.
Montréal (Québec) H3B 1A2